Pourquoi investir dans l’immobilier commercial ?

L’immobilier d’entreprise connaît une popularité grandissante auprès de nombreux investisseurs. Qu’il s’agisse d’entrepôts, de boutiques ou de bureaux, ce marché offre des rendements souvent supérieurs à ceux de l’immobilier résidentiel. À l’heure où le e-commerce bouscule les schémas traditionnels, miser sur un local commercial représente un excellent moyen de diversifier son patrimoine et de bénéficier de perspectives intéressantes pour l’avenir. Voici un tour d’horizon complet des différents atouts, mais aussi des précautions à prendre, pour réussir son projet d’investissement dans l’immobilier commercial.

1. Définition et spécificités de l’immobilier commercial

Le terme “immobilier commercial” recouvre l’ensemble des biens à usage professionnel : les murs de boutiques et de magasins, les restaurants et hôtels, les locaux de production ou de stockage, les bureaux, ou encore les grandes surfaces dans les centres commerciaux. Contrairement à l’immobilier résidentiel, ces biens sont exclusivement destinés à des activités génératrices de profit.

« Si l’investissement dans des murs commerciaux a longtemps été synonyme d’une bonne rentabilité, aujourd’hui, cette affirmation doit être nuancée. »

Ces propos issus d’un article spécialisé rappellent que si, pendant longtemps, l’immobilier commercial a eu la réputation d’être systématiquement rentable, les bouleversements du secteur (essor du numérique, évolution des comportements d’achat) amènent les investisseurs à redoubler de vigilance. Il reste néanmoins considéré comme un placement solide lorsque le choix du bien s’effectue avec méthode et discernement.

1.1. Le bail commercial, différent du bail d’habitation

Dans l’immobilier d’entreprise, le bail commercial occupe une place centrale. Souvent dénommé bail “3-6-9”, il est signé pour une durée de 9 ans, le locataire pouvant donner congé tous les 3 ans sous réserve de respecter un préavis (généralement six mois). Cette stabilité constitue l’un des principaux atouts de l’immobilier commercial : avec une bonne implantation, le risque de vacance locative s’avère plus faible. Cette durée de 9 ans peut tout de même être adaptée avec des baux dérogatoires (3 ans maximum) ou précaires (24 mois), si les parties le souhaitent.

Attention : Le bail commercial est encadré par des règles qui protègent fortement le locataire.
En cas de non-renouvellement, le bailleur peut être tenu de verser une indemnité d’éviction en compensation du préjudice subi par le commerçant.

« Le bail commercial est le contrat de location pour les locaux ou immeubles destinés à l’exploitation d’une activité commerciale, industrielle ou artisanale. »

Cet extrait rappelle la spécificité du bail commercial : il répond aux impératifs de pérennité des entreprises. Le propriétaire doit respecter ces dispositions légales, qui diffèrent du cadre de la location d’habitation, notamment en matière d’indexation du loyer ou de répartition des charges.

2. Les avantages majeurs de l’immobilier commercial

Investir dans un local professionnel présente plusieurs atouts susceptibles de séduire les épargnants en quête de diversification. Voici les principaux bénéfices qui ressortent de l’analyse des différentes sources.

2.1. Un rendement souvent élevé

L’attrait principal de l’immobilier commercial est le potentiel de rendement supérieur à celui de l’immobilier résidentiel. Dans le cadre d’une location de boutique, d’un local en pied d’immeuble ou d’un entrepôt, il n’est pas rare d’atteindre un taux de rentabilité brute de 4 % à 8 %, parfois plus selon l’emplacement et la nature de l’activité exercée. En comparaison, le rendement d’un logement classique se situe souvent entre 2 et 5 %.

À noter : la rentabilité est étroitement liée au flux de clientèle du commerce et à la valeur locative de la zone. Un investissement en emplacement “numéro 1” (cœur de ville, artère passante) peut coûter plus cher à l’achat, mais il diminue les risques de vacance locative et garantit généralement un loyer plus élevé.

2.2. Des risques d’impayés réduits

Dans la mesure où le locataire est un professionnel, l’enjeu de régler régulièrement le loyer est direct : continuer à exploiter son fonds de commerce et conserver sa clientèle. De plus, l’expulsion d’un locataire commercial est plus simple qu’une procédure de résiliation de bail d’habitation, car il n’existe pas de trêve hivernale pour les baux commerciaux. En cas de défaillance, le recours à la liquidation ou au redressement judiciaire peut s’avérer assez rapide, bien que cela exige une certaine vigilance de la part du bailleur.

2.3. Une meilleure répartition des charges

Selon les textes de loi, un propriétaire peut transférer un grand nombre de charges au locataire : taxe foncière, entretien courant, charges de copropriété, etc. Cette flexibilité est l’un des points forts du bail commercial. En outre, il est possible de fixer librement le dépôt de garantie ou certaines modalités de réparation.

On conseille cependant de respecter le cadre légal (notamment l’article 606 du Code civil) en ce qui concerne les gros travaux de structure, restant normalement à la charge du propriétaire.

Bon à savoir : malgré la possibilité d’imputer une large palette de charges au locataire, depuis la loi dite “Pinel” de 2014, une annexe au bail doit préciser précisément la répartition des frais. Le but : donner plus de transparence et protéger le preneur. Mais cette contrainte n’empêche pas une négociation favorable au bailleur si le local est bien situé.

2.4. Une fiscalité potentiellement avantageuse

Comme pour tout investissement locatif, le régime foncier s’applique, et les intérêts d’emprunt peuvent être déduits des revenus, créant potentiellement un déficit foncier. Ce déficit est imputable sur les autres revenus fonciers, et dans la limite de 10 700 € sur le revenu global, avec un report possible sur les années suivantes. On peut donc maîtriser l’imposition tout en constituant un patrimoine, surtout si l’on s’appuie sur un effet de levier bancaire.

3. Les précautions et limites à considérer

Même si l’immobilier commercial possède de sérieux atouts, il ne faut pas négliger certains risques. Plusieurs éléments doivent être pris en compte avant de se lancer, afin de prévenir toute déconvenue.

3.1. Dépendance à l’activité du locataire

La valeur d’un local commercial dépend en partie des performances de l’entreprise qui l’occupe. Si le fonds de commerce rencontre des difficultés (baisse de chiffre d’affaires, concurrence en ligne accrue, mauvaise localisation…), la rentabilité globale peut en pâtir. En cas de faillite, le propriétaire doit alors retrouver un nouveau preneur, ce qui peut prendre du temps.

Important : Le prix de vente d’un mur commercial dépend souvent de la “valeur locative”. Si le locataire en place réalise un excellent chiffre d’affaires et verse un loyer significatif, le bien prend de la valeur. À l’inverse, une activité en perte de vitesse peut faire baisser son attractivité sur le marché.

3.2. Rigidité du bail et indemnités d’éviction

Le bail 3-6-9, bien qu’il protège la stabilité locative, peut se montrer rigide. Le propriétaire ne peut pas rompre le contrat à sa guise.

En cas de volonté de reprendre son bien ou de ne pas renouveler le bail, il est tenu d’indemniser le locataire, sauf motif sérieux et légitime. Cette indemnité d’éviction vise à compenser la perte d’exploitation, de clientèle, et peut intégrer divers frais (déménagement, achat d’un nouveau fonds…).

« De votre côté, si vous souhaitez résilier le contrat, reprendre le local ou si vous refusez le renouvellement du bail, vous devrez verser une indemnité d’éviction au locataire. »

Cette citation illustre l’une des contraintes majeures de l’investissement en murs commerciaux. Le locataire bénéficie de droits protecteurs pour garantir la stabilité de son activité, et cet aspect doit être anticipé dans le calcul de rentabilité.

3.3. L’impact du commerce en ligne

Le développement du e-commerce a profondément modifié le paysage commercial : certains commerces physiques peinent à rivaliser, affectant la rentabilité de certains locaux (boutiques en centre-ville par exemple). Le marché se rééquilibre néanmoins avec la nécessité de disposer d’entrepôts et de plateformes logistiques pour le stockage et la distribution rapide des produits.

Investir dans un entrepôt, près des zones urbaines, peut donc constituer une option attractive, compte tenu de la demande croissante de surfaces logistiques.

3.4. Valorisation à la revente

Contrairement à un appartement où l’on s’intéresse au prix au mètre carré, la valeur d’un bien commercial repose plutôt sur la rentabilité qu’il dégage et sur le dynamisme de sa zone d’implantation. Cette spécificité peut faire varier fortement les perspectives de plus-value : un emplacement n°1 se revend généralement très bien, tandis qu’un local excentré avec un loyer modeste intéressera moins d’acheteurs potentiels.

À noter : dans certaines artères ultra-recherchées, la rentabilité peut être moindre, car les prix d’achat sont élevés, mais la sécurité locative et la plus-value potentielle compensent souvent ce “rendement” plus faible.

4. Les différentes manières d’investir dans l’immobilier commercial

Il existe plusieurs approches pour se lancer dans l’immobilier professionnel. En fonction de ses moyens, de sa connaissance du marché et du niveau de gestion souhaité, on peut opter pour l’achat en direct, la création d’une structure, ou encore un placement collectif.

4.1. L’achat en direct

Acquérir un local en son nom propre est la solution la plus classique. Elle requiert de réaliser une étude approfondie du marché local (flux piétons, concurrence, dynamisme économique). Le financement bancaire est généralement envisageable, surtout si un locataire de qualité est déjà en place, car les revenus locatifs peuvent couvrir une partie des mensualités.

Attention : acheter un local “vide” implique de trouver un preneur. Cela peut offrir une certaine marge de négociation sur le prix d’achat, mais augmente le risque de vacance locative initiale.

4.2. La SCI ou la foncière cotée

Pour partager l’investissement ou limiter les risques, de nombreux épargnants créent une SCI (Société Civile Immobilière). Chaque associé détient alors des parts, et la SCI emprunte pour acquérir les biens. La gestion est mutualisée, et les éventuels déficits fonciers sont répartis selon les quotes-parts de chacun. Les foncières cotées (SIIC), quant à elles, permettent d’investir en Bourse dans l’immobilier d’entreprise, mais sans détenir directement le bien.

4.3. Les SCPI et l’immobilier fractionné

La SCPI (Société Civile de Placement Immobilier) est un véhicule collectif qui investit dans des bureaux, commerces ou entrepôts. Le risque est alors dilué parmi tous les associés, et aucune gestion directe n’est nécessaire. Le ticket d’entrée varie de quelques centaines à plusieurs milliers d’euros. De plus, les rendements des SCPI de commerce peuvent atteindre environ 4 % à 5 %, sans garantie, mais avec une mutualisation des risques.

Par ailleurs, l’immobilier fractionné s’est popularisé grâce à des plateformes numériques proposant l’acquisition de fractions de biens. Un investisseur peut ainsi participer à l’achat d’un local commercial dès quelques dizaines d’euros. Il reçoit alors sa part proportionnelle des loyers, sans gestion opérationnelle.

5. Les bons réflexes pour réussir son investissement

La réussite d’un projet d’achat de murs commerciaux tient à plusieurs facteurs. Voici quelques conseils afin de mettre toutes les chances de son côté.

5.1. Analyser l’emplacement et la fréquentation

Le choix de la localisation est souvent déterminant pour espérer valoriser son bien et trouver rapidement un locataire sérieux. Privilégier un secteur dynamique, un axe à fort passage piéton, ou encore un quartier en développement peut s’avérer payant. Les professionnels parlent parfois de “locomotives” pour désigner les points d’attraction (commerces incontournables, cinéma, salle de spectacle) qui génèrent du flux.

« Mieux un magasin est situé, plus sa valeur est élevée et plus la location est facile. »

Cette phrase illustre toute l’importance de la zone de chalandise : un local très bien placé peut certes coûter plus cher à l’achat, mais le retour sur investissement se révèle souvent optimal sur le long terme.

5.2. Vérifier la solidité du locataire

Dans l’idéal, il est recommandé de solliciter des informations sur la santé financière de l’occupant ou du candidat à la location. Une affaire florissante assurera une meilleure rentabilité, tandis qu’un commerçant en difficulté (ou en lancement incertain) peut présenter un risque de loyers impayés.

L’analogie avec le marché résidentiel ne suffit pas : ici, c’est la pérennité de l’activité professionnelle du locataire qui compte.

5.3. Ne pas sous-estimer les coûts annexes

Bien que de nombreuses charges puissent être répercutées sur le locataire, le propriétaire supporte généralement les gros travaux structurels (toiture, murs porteurs, etc.). De plus, en cas de vacance locative, il continue de régler certaines dépenses fixes (charges de copropriété, taxe foncière, s’il n’a pas pu la transférer, etc.). D’où l’importance d’un budget prévisionnel réaliste pour éviter de se retrouver en difficulté entre deux locataires.

À noter : la fiscalité (impôts sur les revenus fonciers, plus-values à la revente) doit être calculée en amont, notamment si l’on souhaite revendre après quelques années. Les conseils d’un expert comptable ou d’un avocat spécialisé en droit immobilier sont souvent utiles pour choisir le montage (nom propre, SCI, etc.) le plus adapté.

FAQ – Les questions fréquentes sur l’investissement en immobilier commercial

Question 1 : Le bail 3-6-9 est-il vraiment une garantie pour l’investisseur ?

Le bail commercial classique (d’une durée de 9 ans) offre en effet une forme de stabilité : le locataire ne peut donner congé qu’à la fin de chaque période triennale. Cela limite le turnover et diminue le risque de carence. Toutefois, en contrepartie, le bailleur ne peut pas mettre fin librement au bail, sauf exceptions prévues par la loi.

Question 2 : Est-il possible de fixer un loyer “librement” dans le cadre d’un local commercial ?

Le loyer initial est, en principe, négocié librement entre les deux parties. Néanmoins, la loi Pinel et les règles du code de commerce encadrent la révision ultérieure. Le bail commercial peut prévoir certaines indexations, mais les augmentations sont généralement plafonnées (indice des loyers commerciaux). Il est donc recommandé de rédiger une clause d’indexation précise.

Question 3 : Quelles sont les précautions à prendre face à la concurrence du e-commerce ?

Pour limiter le risque, il est conseillé de sélectionner un emplacement stratégique, dans une zone à forte fréquentation ou en pleine mutation (nouveaux habitants, nouveaux commerces, proximité de transports). En parallèle, certains investisseurs s’orientent désormais vers des entrepôts de stockage, très demandés par les acteurs du commerce en ligne.

Question 4 : Comment calculer la rentabilité d’un investissement commercial ?

La rentabilité brute se détermine en rapportant le loyer annuel (hors charges) au prix d’acquisition (frais de notaire inclus). Pour obtenir la rentabilité nette, on déduit les charges et la fiscalité. La valeur locative, le montant du loyer et le dynamisme de la zone sont des facteurs clés dans cette équation.

Question 5 : Existe-t-il d’autres véhicules de placement dans l’immobilier d’entreprise ?

Oui : les SCPI, les foncières cotées (SIIC) ou encore l’immobilier fractionné permettent d’investir à plusieurs et de mutualiser le risque. Dans ces cas, l’investisseur ne gère pas directement le local, et reçoit un pourcentage de loyers, proportionnel à sa mise de fonds.

Question 6 : Les loyers perçus sont-ils imposés différemment de ceux d’une location résidentielle ?

En principe, les revenus d’un local commercial sont considérés comme des revenus fonciers s’il s’agit d’une location nue. Ils sont donc soumis au barème progressif de l’impôt sur le revenu (IR), et les déficits fonciers peuvent s’imputer dans la limite de 10 700 € par an. Selon la structure choisie (SCI, SARL de famille…), le régime fiscal peut varier.

Question 7 : Comment identifier un commerçant fiable pour occuper son local ?

Certains investisseurs consultent les bilans comptables du candidat-locataire, vérifient sa réputation et étudient son business plan si la société est en phase de création. Un prévisionnel solide et un concept porteur sont de bons indicateurs pour limiter le risque d’impayés.

Question 8 : Faut-il privilégier un local déjà loué ou vide ?

Un local loué offre une visibilité immédiate sur le montant du loyer et la qualité du locataire. En revanche, un local vide peut présenter un prix d’achat plus abordable, mais il faudra trouver un repreneur. Ce choix dépend souvent du profil de risque et des compétences en prospection locative.

Question 9 : Quelle est la durée classique d’une “vacance locative” dans l’immobilier commercial ?

La durée peut varier considérablement selon la situation géographique et la conjoncture économique. En emplacement prime (quartiers très attractifs), la vacance est souvent réduite, parfois à quelques semaines ou mois. En revanche, dans des secteurs moins fréquentés, trouver un nouveau locataire peut prendre plus de temps.

Julien

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